Les promeneurs se souviennent peut-être de leur enfance, de
ballades en forêt, en rase campagne, en montagne, dans autant de lieux propices
à l'envolée imaginative.
Ils se souviennent peut-être avoir agité, fendant l'air, des épées légendaires
(sous forme de bâtons de fortune), combattu des monstres féroces (des
moustiques inopportuns), vécu de véritables épopées (une courte randonnée en
montagne).
Les enfants sont toujours les héros du tourisme. Peut-être parce qu'ils
ressentent les séjours dépaysants comme de vraies aventures
épiques. D'ailleurs, nul besoin d'être un enfant pour ressentir cela :
objectivement, il faut en convenir, il est très difficile d'être touriste.
Sûrement est-il plus simple aujourd'hui, pour des millions de personnes, jeunes
ou moins jeunes, de devenir des voyageurs accomplis, des aventuriers, des
cartographes...virtuels. On sait le développement et l'essor des jeux en
réseau et de ce que l'on appelle (plus barbare on ne peut pas faire) les
MMORPG (ou massively multiplayer online role-playing game). Cependant,
pas un seul instant, on imagine l'étendue des lieux parcourus par les joueurs.
Massifs montagneux, déserts interminables, villes gigantesques, cathédrales,
plages à perte de vue, forêts immenses... Rien ne se ressemble dans ces lieux
virtuels qui sont, en réalité (c'est à dire en temps passé par les joueurs pour
explorer les contrées virtuelles), si vastes que très peu de joueurs en ont,
effectivement, fait le tour.
Parmi la masse des joueurs invétérés, souvent jeunes, qui parcourent
quotidiennement des immensités (de pixels diront certains), certains jouent le
rôle de guide touristique.
Pour un temps donné quotidien, bien des jeunes "se plongent" dans des
territoires dessinés, conçus, crées dans le seul but d'être beaux.
L'exploration, la recherche de nouveaux espaces sont les principaux facteurs
d'attrait des jeunes pour ce type de jeux.
De fait, au-delà des questions de dépendance qui forment le coeur des
inquiétudes face à cet engouement des jeunes pour ces mondes virtuels, on peut
se demander ce qui provoque cet attrait. La richesse et la diversité des lieux
est à n'en pas douter un aspect.
Manque de temps? Manque d'espace? Chacun est à un clic d'une courte randonnée
entre amis... pour découvrir de nouveaux espaces. Cette passion pour la
découverte se rapproche sensiblement de celle des internautes parcourant le
monde, parfois pendant de longs moments, sur Google Earth.
Passer un peu de temps derrière un simple écran nous permet donc encore de découvrir des espaces, de les visiter, de les construire. Car, qui pourrait aujourd’hui arguer du fait que ces espaces n’existent pas ?
Bien des étendues demandent à être découvertes, bien des attentes de « micro-tourisme » vont être comblées.
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